À propos de l’article dans le Journal de Montréal

Merci à Jean Balthazard pour ce sympathique reportage. On peut dire que, à son corps défendant, il a montré qu’il savait faire du journalisme de terrain 😉

Merci aussi à Manu pour les images et le son. Et surtout, merci à la tribu des hoffeurs de Val David !

Je me dois de commenter ce reportage, à commencer par situer le contexte dans lequel il s’est déroulé.

En effet, Jean a été initié à la Méthode Wim Hof lors d’une session entre pratiquants confirmés à Val David. Pas lors d’un véritable stage où il aurait entendu parler plus en détail de ce que l’on connait, et ce que l’on ne connait pas, en ce qui concerne les aspects scientifiques et théoriques de la méthode. Même si nous avons fait de notre mieux pour qu’il découvre la Méthode Wim Hof (MWH) dans les meilleures conditions, une session de pratique n’est pas un stage d’apprentissage. Cela mérite d’être précisé.

Par ailleurs, je trouve cela non seulement bien mais tout simplement nécessaire qu’un journaliste interroge des voix indépendantes et/ou des contradicteurs pour traiter un sujet. Ceci a été fait pour ce reportage et c’est tant mieux. On regrettera cependant que les « 5 experts » ne soient au final pas connus. On regrettera également que ceux qui interviennent donnent un avis qui semble assez général, se contentant de jouer les « sceptiques de service » et n’argumentent pas vraiment sur la MWH stricto sensu.
Étant moi-même scientifique, microbiologiste à l’Université de Montréal, je sais ô combien la route est longue et difficile avant d’établir une « vérité scientifique ». Et moi-même, cela m’agace souvent d’entendre des gens parler de la MWH comme d’une pilule miracle qui remplacerait tous les médicaments. Bref, il est évident que la MWH n’est pas une approche totalement validée scientifiquement. Ce genre de validation est très longue et la MWH est relativement récente. De plus, les pratiques telles que la MWH sont effectivement complexes (techniques respiratoires, exposition au froid et méditation mélangés) et donc, d’autant plus compliqués à démêler avec des approches scientifiques de nature réductionniste. Ainsi, sur ces points, je suis d’accord avec les « voix indépendantes » du reportage.
Mais je regrette que ces conclusions soient mises en avant sans aucun égard pour les études prometteuses dont a fait l’objet la Méthode Wim Hof. Et pourtant, elles sont suffisamment peu nombreuses et donc facilement consultables. En effet, il existe quelques articles spécifiquement sur la MWH. Bref, j’aurais aimé que ces articles soient cités, car ce sont des études sérieuses, publiées dans des revues à comité de lecture, dont une est très prestigieuse. Je parle bien sûr des articles de 2014 (PNAS), 2018 (NeuroImage) et 2020 (PLoS One). Certes, ils ne prouvent pas que la MWH est totalement validée scientifiquement, que c’est une panacée etc… Mais ils donnent des indications plutôt solides sur le contrôle de l’inflammation notamment, mais aussi sur l’étonnante réaction physiologique face au froid d’un cas particulièrement bien entrainé (en l’occurence Wim Hof). Alors certes, ces études sont limitées en terme de pathologies étudiées, certes la taille de l’échantillon est assez faible, certes etc… Mais c’est encourageant et ça méritait d’être cité. Et puis, une méthode santé alternative qui montre une véritable soif d’être comprise scientifiquement, cela mérite également d’être cité.

Pour l’instant, les études scientifiques sur la MWH arrivent au compte-goutte tandis que les témoignages et les retours d’expérience positifs se ramassent à la pelle. Le temps de la science n’est pas le temps des nouvelles et des actualités.

Au final, je n’ai pas de désaccord fondamental avec les « experts indépendants » mais je trouve leur discours un peu frileux… ce qui est un comble pour parler de la MWH 😉

🔥❄️🧠✌️

Sébastien.

P.S. : L’article original peut être consulter ici :

https://www.journaldemontreal.com/2020/02/27/bain-deau-glacee-on-a-teste-pour-vous-la-methode-wim-hof-1