La sortie de saison 2 du podcast Dérives, par Olivier Bernard, est l’occasion de se replonger dans l’excellente saison 1. Pour rappel, cette série enquête sur un décès survenu au cours d’un rituel new-age et analyse le contexte sectaire autour du drame.
Mais pourquoi en parler sur ce blog, dédiée principalement à la respiration et à l’exposition volontaire au froid ?
Certes, il est question de respiration dans le drame décrit dans la saison 1. Mais là n’est pas mon propos. En effet, le point sur lequel je veux insister est que la pratique de l’exposition volontaire au froid gagne en popularité. Et je ne m’en plains pas. Au contraire. Mais qui dit popularité dit risque d’excès en tout genre. Depuis les imprudences naïves aux croyances erronées, l’accident menant à la catastrophe est possible.
Vous voulez vous initier à l’exposition volontaire au froid, et particulièrement aux bains (très) froids ?
Parfait. L’immersion volontaire en eau froide est étonnement plus facile que ce que l’on pense avant de s’y mettre. Encore faut-il faire attention de ne pas commettre quelque chose de stupide, voire de regrettable. Quelques conseils pour s’initier ne sont donc pas de trop. En voici 12, simples et efficaces, issus de mes années de pratique et d’enseignement. Bien sûr, ces conseils reflètent ma « philosophie » autour de cette pratique et n’engagent que moi. Et bien sûr, ils sont incomplets. Mais ils sont, je pense, assez inclusifs pour que la plupart des personnes désireuses de pratiquer puissent y trouver un intérêt.
1 – N’hésitez pas à demander à votre médecin si vous pensez avoir des contre-indications : grossesse, épilepsie, syndrome de Raynaud (type 2), urticaire du froid, drépanocytose, problèmes cardiovasculaires graves, etc… (liste non-exhaustive). Certaines personnes ne devraient pas faire ce genre de pratique durant toute leur vie, d’autres ne devrait pas seulement durant une partie de leur vie.
2 – Se renseigner sur les dangers liés à l’exposition au froid n’est pas une attitude de faiblesse ou de peur, mais une attitude intelligente et respectueuse de cette pratique. Cela permet notamment de ne pas se surestimer et de faire que l’expérience soit bien dosée… et donc réussie ! Une expérience réussie a plus de chance d’être répétée si on le souhaite. Une initiation trop dure a plus de chance de rester sous forme d’un selfie, du type « Je l’ai fait ! », mais sans suite.
3 – Avant de tester l’immersion complète du corps, prenez le temps de familiariser votre système cardiovasculaire et votre système nerveux avec l’eau (très) froide… dans votre douche. Finir par 30 secondes d’eau froide, puis 45 secondes, puis une minute etc.
Vous avez validé les trois premiers points ? Vous êtes toujours motivé(e) pour tester une immersion complète ?Super ! Il est temps de réfléchir sur les points suivants :
4 – « On joue avec la zone de confort, pas avec la zone de sécurité. »
C’est un des premiers enseignements, et peut-être le plus important, que j’ai reçu de mon premier mentor, Jesse Coomer. C’est devenu une sorte de mantra. S’il y a bien un enseignement important quand on considère l’immersion volontaire au froid, c’est celui-ci car il s’applique à tous les points qui suivent. Surtout si on est dans une recherche de bien-être.
5 – Trouvez quelqu’un pour vous accompagner. Ne faites pas cela seul(e). Quand on prépare quelque chose de nouveau, on réfléchit mieux à plusieurs que tout seul. Et le jour J, en cas de problème, c’est évidemment mieux de pouvoir compter sur une tiers personne. Même une fois initié(e), évitez de pratique seul(e).
6 – Demander l’aide d’un coach en immersion volontaire au froid. Le rôle d’une tel coach est de certes gérer la logistique (piscine, glace, site naturel sûr…) mais aussi de vous mettre en confiance, de vous expliquer comment procéder avant, pendant et après l’immersion. Faites attention de trouver une personne bienveillante et compétente, qui saura évaluer vos capacités et vos attentes, qui saura vous arrêter avant que vous n’alliez trop loin tout en vous encourageant à vous dépasser.
7 – Un(e) bon(ne) coach est quelqu’un devant qui votre vulnérabilité (=limites) ressort, mais cette personne ne doit jamais et sous aucune forme profiter de cette vulnérabilité.
8 – Même si votre coach est sympathique, amical etc, il a une position d’autorité de par la relation enseignant-enseigné(e). Mais autorité ne doit pas rimer avec toute-puissance : quand un coach vous vante les bienfaits d’une pratique, n’hésitez pas à questionner cette autorité. Demandez pourquoi il/elle vous dit cela, quelles sont ses sources etc. Et surtout, si vous utilisez les services d’un coach pour l’immersion volontaire au froid, cette autorité est censée se concentrer sur, voire se limiter à… l’immersion volontaire au froid.
9 – Qui dit coach en immersion en eau froide ne dit pas forcément instructeur certifié Méthode Wim Hof. Certes, cela est censé apporter une certaine garantie d’expérience. Mais l’immersion volontaire au froid est une pratique qui existait avant la Méthode Wim Hof et existera après. Un bon coach peut être professionnel ou non, certifié de telle méthode ou non. Certes, l’expérience et les certifications sont en général d’excellents signaux, mais la bienveillance et la compétence, tout comme leurs absences, se trouvent potentiellement partout.
10 – Les sorties en groupe sont aussi de formidables occasions de se motiver, de se donner du courage et peuvent être de grands moments de convivialité. Faites attention toutefois de ne pas vous laisser galvaniser par l’énergie du groupe et surestimer votre capacité. Lors des sorties en groupe, allez-y donc graduellement. Et si les autres restent plus longtemps que vous dans l’eau, tant mieux pour eux. Attention à l’ego qui peut vous tenter de rester encore un peu plus longtemps, et encore un peu plus etc… En règle général, éviter les groupes où règnent une atmosphère compétitive, ambiance « je suis un badass sans limite ». Ça n’est certainement pas souhaitable ni pour s’initier, ni pour une pratique dans une optique de bien-être.
11 – Enfin, ne pas oubliez de considérer dans quel environnement vous allez vous baigner. Est-ce dans une piscine en intérieur ou à proximité d’un local chauffé, voire près de chez vous ? Ou est-ce en milieu naturel, en plein hiver canadien ? Cela modifie les précautions à prendre. Un coach compétent doit savoir évaluer la situation. J’avais écris un billet de blog sur les baignades en conditions difficiles.
12 – On peut avoir une vie parfaitement paisible, riche et agréable sans faire d’immersion volontaire en eau froide. Cette pratique peut apporter un soutien précieux mais n’est pas une condition nécessaire au bonheur. On peut être un adepte de cette pratique et la pratiquer avec sérieux… mais sans pour autant se prendre trop au sérieux. C’est toujours bien de se demander pourquoi est-ce que l’on est attiré par cette pratique (bien-être ? dépassement ? …). J’ai observé plusieurs fois que, chez certains, cette pratique était associée à un sentiment de supériorité vis-à-vis des non-pratiquants. C’est au mieux dommage, mais au pire le début d’une dérive vers une pratique exclusive et pas forcément très saine.
En conclusion, évitons que la saison 3 de Dérives ne traite de l’immersion en eau froide 😅
🔥❄️🧠✌️
Sébastien.
Sébastien Zappa, PhD
Maître Instructeur Oxygen AdvantageMoniteur REBO2T
Instructeur Méthode Wim Hof – niveau 2
Praticien ELDOA – niveau 2
Geek de la respiration et du froid, Homo cryopulmosapiens..
Heureux de vous coacher depuis 2018
Bien sensés comme propos. Je les trouve utiles et pertinents dans ma rencontre personnelle avec le froid et la respiration. Merci à toi.
François Pitre
Merci pour ces rappels utils en ce qui concerne l’approche du froid et nos motivations.
Ne pas se perdre dans son ego, et se rappeler sans cesse le cadeau du froid.
C’est la raison pour laquelle je pratiquais seul, car nos démons nos guêtent.
Alors, j’ai demandé à mon amie de m’accompagner dans cette aventure.
Elle s’y est mise et je prends la mesure des différences de physiologies, car cela ne représente aucune difficulté pour elle qui se douche à m’eau froide car elle a la sensation de toujours « bouillir ». Je laise cette expérience me remettre à ma place quand je suis tenté de me mettre en avant pas mes « exploits ».
Reste que j’aurais pensé trouver plus de conseils pratiques pour un article sur l’introduction au froid. L’article reste plaisant à parcourir. Merci Sébastien.
Après avoir accompagné des centaines de personnes dans cette expérience, il m’est apparu que les réactions des nouveaux sont souvent imprévisibles : des gros costauds bien virils qui se mettent à perdre les pédales, des petites femmes toutes frêles qui gèrent cela comme si de rien n’était… Bref, j’ai régulièrement vu la glace faire voler les stéréotypes 😉
Merci pour ce retour en tout cas. C’est très apprécié.
Écrire un billet sur des conseils pratiques est une bonne idée. J’ai toujours 4 ou 5 billets en préparation en même temps. Je vais donc en ajouter un 6ième 😉
Sébastien.